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​Srigina, la tentatrice

par Khider Ouahab

Srigina. Photo Yann Arthus-Bertrand

​Endiguée pour l'éternité à l'entrée du golf de Skikda, l'île veille. Elle tourne, se retourne et se fait gardienne céleste des rivages sablonneux des Calatines, de Stora, et du Ravin des singes.
Srigina l'île incontournable qui, comme pour mieux exciter les iris et forcer le détour, expose insolemment son phare aux quatre vents. Un phare blanc tout comme l'écume de ces molles vagues qui se colportent, se ramassent et viennent amoureusement s'échouer sur elle perpétuer la noce. Srigina la mousse.​

L'île s'impose en avant plan d'un immense horizon, un must qui s'immisce et complète la fresque divine formée des sentiers infinis qui vont de Stora à la Grande plage. L'île est alors une cerise. Une fraise. Un grain de beauté esquissé à jamais dans le cœur des vagues et des souvenirs. Srigina l'histoire.
Au commencement, il y avait l'île. A quelques miles marins seulement, l'imposante et rocheuse posture s'abandonne sur plus de 7 000 m², puis, tel un iceberg, elle se détache de ses eaux pour s'élever sur plus de 50 mètres dans le ciel. Depuis des lustres, elle a de tout temps marqué l'histoire des lieux en les imprégnant d'une caresse d'exotisme, de curiosité et de beaucoup d'autres légendes.

Srigina, l'origine.

L'appellation aux résonances mélodieuses a toujours incité ses amoureux à l'en déshabiller pour connaître ses sèves. Les uns la disent punique et avancent que l'origine son appellation serait 'Rus Gunia' ( cap de la crique). Une appellation qui remonterait aux phéniciens qui s'étaient implantés à Stora à plus de 1000 ans avant JC​.

M Chebli Mahieddine, la mémoire vivante de Skikda concède lui que son appellation dériverait plutôt du latin 'Insula Reginae' ( île de la reine) que les romains lui auraient attribué pour honorer sa beauté.​

 ​Mais la Srigina demeure jalouse, alors elle se couve, se refuse et voudrait épouser toutes les hypothèses. Srigina la flatteuse. Srigina le repère. Elle a de tout temps été une marque naturelle à tant de marins, perdus dans le creux des vagues de la baie de Stora .

Cette même baie confortée par l'abri naturel formé par les montagnes de Oued Chadi, servait alors de havre de paix dont l'île était le borne l'annonciatrice. Elle continuera à l'être d'avantage, quand bien avant 1891, une bâtisse fût alors édifiée à son sommet pour abriter un phare de jalonnement qui sera enfin mis en service en 1906.

Long de plus de 11 mètres, et s'élevant à plus de 56 mètres du niveau de la mer, le phare est visible à 3,5 miles nautiques. La nuit, de doux éclats rouges émanent des lieux et imprègnent l'île d'une aura de quiétude et de calme.

Srigina le prestige.​

Et depuis, l'accouplement de l'île avec ses amoureux se fait au grès de visites et de virées que se concurrencent des associations folles d'évasion et de découvertes. L'île s'ouvre à ses visiteurs à partir d'un embarcadère abrité des vents dominants qui la contournent. Une fois conquise, l'île offre alors un sentier de plus de 200 mètres, qui monte, qui monte.... Le long de ce sinueux passage, des figuiers de barbarie, du myrte et des matthioles escortent les visiteurs .Dans le ciel, des goélands guettent leurs nids. Le sentier, l'unique passe mène à un seul point: le phare qui surplombe majestueusement les récifs et domine toute l'île. Là, Srigina atteint toute sa splendeur. Devient insolente, se dénude, gonfle son cœur et offre à ses visiteurs un spectacle des plus grandioses.

Le bleu dénudé du ciel et le bleu rythmé de la mer se joignent à tous les abords Féerique ! L'impression de naviguer , de voler et de dominer le monde s'empare de ses visiteurs . Srigina n'est alors qu'un immense radeau qui parait voguer et chanceler sur une mer paisible. Les vents se font ritournelle, la ville de Skikda parait subitement si fugace, si lointaine et Srigina qui gondole...qui gondole.... Ivresse ! En bas, toujours l'écume de ces molles vagues qui se colportent, se ramassent et viennent amoureusement s'échouer sur elle et perpétuer la noce ... La sérénade !​

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Les écrits et les photos sont de Khider Ouahab ©.

Toute reproduction interdite.

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